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La journée parfaite

    Mars 2024 —

    Les visages se brouillent dans le clair-obscur. Une lumière dorée étincelante soulignent les silhouettes et les courbes. Devant moi, quatre femmes se font face. Elles ne semblent pas remarquer ma présence; je suis pourtant si près d’elles. L’eau lèche doucement leur taille sous leurs mouvements doux. Je retiens mon souffle.

    « C’est qui ? », je murmure à Anna. Je me retourne. Elle n’est plus là.

                “Don’t leave me high
    Don’t leave my dry
    Don’t leave me high
    Don’t leave my dry

    Drying up in conversation
    You will be the one who cannot talk
    All your insides fall to pieces
    You just sit there wishing you could still make love”
    – Radiohead

    Elle a trouvé l’endroit idéal pour admirer le coucher de soleil. Là, juste devant la frange de pins majestueux découpant la dense canopée. Là où les montagnes bleuissent un moment avant de plonger dans la pénombre. Nous nous étendons côte-à-côte sur la plage. Sa main pianote le haut de mon dos puis dessine une longue caresse jusqu’à ma nuque. L’excitation monte en flèche sous son doigté voluptueux. Son regard enflammé scintille au moindre battement de cils. Le temps n’importe plus.

    Une bouteille d’huile passe à la ronde. Les femmes massent leur épaules et leur cou endoloris. Elle accueillent la détente, ultime point d’orgue d’une journée d’efforts à la pagaie. Un délicieux parfum s’accroche à leur peau satinée. Elles huilent leurs bras, leur ventre, puis s’attardent à leurs seins, cette partie hautement réactive et sensuelle de leur corps. Je les regarde passer et repasser lentement leurs mains sur leurs poitrines, huilant la peau sensible, massant leurs formes en grands mouvements circulaires. Les doux rires se mélangent aux paroles murmurées, indistinctes. Des effluves d’asclépiade et de conifères s’accrochent à mes narines pour sceller la mémoire de cet instant. Le goût sucré et pétillant de l’été se déploie. L’odeur sucré et pétillante du sexe se déplie. La sensualité de ces femmes m’émerveille. Chaque mouvement se répercute en pulsations à travers mon clitoris. Chaque ondulation envoie une décharge d’énergie encerclant ma région pelvienne. Je vibre. Mon corps me supplie de bouger. Je reste pourtant immobile. Je regarde, voyeuse impromptue. Un frisson me prend subitement par les épaules et descend jusqu’à mes mamelons qui se dressent d’un coup. Une chaleur émane de moi. La bouche mi-ouverte, les yeux mi-clos, l’énergie sexuelle me parcourt de part en part. J’appartiens à cet extase comme j’appartiens à l’océan; il n’y a plus de frontière entre nous.

    Me prend alors une fougueuse envie de me caresser. Dans le plus lent des gestes, je retire mon haut de bikini comme on pèle un fruit bien mûr. Une pluie de sensations se déverse sur moi comme un souffle amoureux sur mes seins. Mes paupières se ferment sous le poids des endorphines. Je surfe désormais sur la crête des puissantes vagues de ce paradis intérieur. « Elle n’est pas merveilleuse, la vie ? », je me dis. « Oui, elle est merveilleuse comme toi », on me souffle en retour. J’ouvre les yeux. « Veux-tu te joindre à nous ? », elle me demande d’une voix douce et grave. Ses lèvres juteuses me sourient délicieusement. Son visage s’illumine. Subrepticement, sans m’embarrasser de répondre, je me lève, attrape mon pang et le noue nonchalamment autour de ma taille. Mon corps irradie un grand « Oui » ! Notre petit groupe s’enfonce alors dans la forêt luxuriante obscurcie par la tombée du jour.

    Puis, la vue d’une chalet. Des rires et des voix de femmes. La nuit est invitante. À mesure que nous nous approchons, j’entends Miles Davis réchauffer l’ambiance. On m’entoure et me sourit tandis que l’on me mène à gravir les marches d’un patio de bois spacieux. Les portes s’ouvrent. Mes pas me guident dans la pièce centrale où fuse une énergie sexuelle magnétique. Un plateau de fruits, de fleurs et des bouchées exquises orne une table basse magnifiquement sculptée à la main. La chaleur enveloppante du foyer, la lumière orangée du feu. Tout invite au rapprochement.

    “Just a perfect day
    Problems all left alone
    Weekenders on our own
    It’s such fun”
    – The Velvet Underground

    À cet instant, Anna émerge de la porte arrière menant à une terrasse. Un clin d’œil plus tard, ses petits seins rebondissent sous la cadence de ses pas. « Joyeux anniversaire, Beauté ! », elle me dit en me tendant un verre de champagne.

    ***

    Ce fantasme ne contient aucun acte sexuel explicite. Il agit plutôt comme un canevas où les possibilités de poursuivre l’histoire dans une direction ou dans l’autre se multiplient. Mon objectif ici est d’éveiller le corps et les sens en superposant des couches de sensations. Pour moi, ce genre d’histoire mène à un puissant orgasme à chaque fois ! C’est la magie du travail de la créativité et de l’imagination.

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    Mes collègues présentent notre thématique de blogue sur les fantasmes (en anglais) :